Erotisme, mais ou es tu?

Erotisme et pornographie

Rien n’est plus individuel, privé, subjectif et pourtant universel que l’érotisme. Que ce soit le frémissement léger d’un textile moulant sur un corps qu’on fantasme, une mèche de cheveux sur une nuque convoitée, un sexe aperçu au détour d’un vestiaire ou la naissance d’une poitrine volée dans un décolleté. Chacun possède son propre code et sa sensibilité, les uns frissonnent à l’idée de surprendre un corps entrain de faire l’amour ou de se caresser, d’autres préfèrent frôler, sentir, toucher le ou la partenaire, certains ont besoin de scenarii ou de personnages pour stimuler leur sexualité. De l’érotisme doux de « Emmanuelle » à la perversion très pimentée de « Baise moi », chacun pourra trouver un univers qui correspondra à ses attentes les plus secrètes.

Seul, à deux ou à plusieurs, hommes et femmes, hétéros ou homos, notre désir est culturel et universel, rien ne change cela, ni les interdictions et dictas de toutes sortes qui ne font que détourner l’objet du fantasme sans pouvoir l’annihiler, ni l’interdiction qui, plus elle est importante, pousse les individus dans une premier temps vers l’imagination ou tout devient possible puis vers le passage à l’acte violent si la frustration est trop désespérée.

Quoi qu’il en soit l’érotisme est la porte ouverte du désir, la stimulation qui relie le cérébral et le physique qu’il y ait acte final ou non. Le coït lui, relève non plus du désir mais du plaisir, de la jouissance.

Quel dommage que la pornographie étouffe l’érotisme par une industrie du toujours plus. Ce marché qui génère des milliards d’euros de recette, jette depuis des décennies sur papier, cassette, dvd ou sur la toile à des fins purement mercantiles des images qui poussent non plus à l’imagination mais au contraire à la saturation, à la mort du rêve, disséminant ça et là des images d’une violence incongrue.

Bien sur personne n’est contraint d’aller voir ces images, mais si vous êtes amateur d’érotisme, (porno soft, comme dirait les plus jeunes) il devient très difficile d’échapper à cette déferlante de vidéos et de photos issues de la pornographie voir limite de la zoo-pédo-sado-scato-pornographie !

Souhaitons donc des espaces qui redonnent le pouvoir à l’imagination par l’évocation, le mystère, la beauté et non par l’exposition exhaustive de ce que souvent nous ne souhaitons même pas voir. N’oublions pas que l’érotisme passe par nos cinq sens et non seulement par la vue. Se limiter à des représentations imagées, imaginées par d’autres c’est appauvrir notre capacité à vivre un érotisme bien plus subtil relié aux sensations, odeurs, couleurs, sons et textes sublimes et pleins de sensualité.